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Implication et participation des chercheurs dans les processus de patrimonialisation au Sud 

par  Juhé-Beaulaton Dominique - publié le 10 octobre 2014, mis à jour le 18 mai 2015 à 16h52min

Présentation

Le séminaire a poursuivi les réflexions sur les processus de construction (et de déconstruction) des patrimoines dans les pays du Sud en explorant le rôle et la place des chercheurs. Ont été privilégiées les interventions présentant des exemples au Sud, où la patrimonialisation est induite par des institutions – qu’elles soient internationales, nationales, voire locales, et appuyées ou non par des chercheurs, sans se limiter à celles-là. Une approche pluridisciplinaire, associant notamment sciences humaines et sociales et sciences de la nature, a permis de mieux comprendre les enjeux de la patrimonialisation et de répondre à un grand nombre de questions : Comment mener une recherche sur la patrimonialisation dans l’interdisciplinarité et le partenariat ? Quelles sont les différentes formes que revêt la participation des acteurs (institutionnels et individuels ; chercheurs et populations) lorsque le patrimoine est en jeu ?…

Programme séminaire en 2014

Mardi 18 novembre 2014 au MNHN14H30 à 17H00

« Salle Claude Hélène » 47 rue Cuvier – Paris 5ème - Métro Jussieu

Intervention - Igor BABOU * : « Création et gestion de parcs naturels habités en Argentine et à l’île de La Réunion : hétérogénéité des savoirs en confrontation, et remise en cause de l’opposition entre savoirs savants et savoirs locaux »

Résumé :

Les parcs naturels inscrits sur la liste du patrimoine mondial constituent d’excellents analyseurs des rapports de nos sociétés à la nature, aux enjeux patrimoniaux, à l’hétérogénéité des échelles d’action et de décision politique, et à la circulation des savoirs. Dans le cas des parcs habités, les gestionnaires, les scientifiques, les politiques et les habitants impliqués dans une mise en patrimoine doivent ajuster leurs actions aux contradictions entre les ambitions universalistes de l’Unesco et la visée culturaliste de cette institution. Dans des contextes aux tensions multiples, des choix stratégiques pour la structuration des territoires sont légitimés par des savoirs également très hétérogènes : savoirs scientifiques confrontés à des savoirs locaux, certes, mais également savoir administratifs, de gestion, de communication, etc.

Cette hétérogénéité remet en cause la coupure binaire entre savoirs « locaux » et savoirs « formels » et interroge, de manière réflexive, la position du chercheur menant des enquêtes de terrain au nom du savoir des sciences humaines et sociales : ces dernières, tout comme les sciences de la nature, ne peuvent en effet plus prétendre à aucune extériorité vis-à-vis des savoirs mis en jeu.

La présentation se structurera autour de deux enquêtes de terrain menées dans des parcs naturels habités de la liste du patrimoine mondial : le parc régional de la Península Valdés en Patagonie argentine, et le parc national des Pitons, cirques et remparts de l’île de La Réunion.

*Igor BABOU est Professeur à l’Université de La Réunion

Mardi 14 octobre 2014 au MNHN14H30 à 17H00

« Salle Chevalier » - RDC, 43 rue Buffon – Bâtiment 135 - Paris 5ème - Métro Austerlitz

Intervention - Katia FERSING *

« Regards et interrogations d’une ethnologue impliquée dans un projet de développement territorial fondé sur la valorisation touristique des savoir-faire locaux : l’exemple de l’AOC Roquefort »

Résumé :

Les recherches menées actuellement par Katia Fersing portent sur la manière dont se construisent et s’articulent les processus de patrimonialisation dans le cadre de projets de développement territoriaux fondés, en particulier, sur la valorisation touristique des savoir-faire locaux. La singularité de ces travaux réside en leur dimension appliquée puisque c’est au sein d’un Office de Tourisme positionné en tant qu’instigateur d’un projet de ce type qu’elle exerce, depuis 2008, la fonction d’ethnologue au titre de Chargée de mission Patrimoine et Culture.

En s’appuyant sur divers exemples tirés de cette expérience de recherche, elle propose d’interroger, à travers l’usage des connaissances produites, la manière dont l’ethnologue répondant aux besoins de la structure en matière de production « culturelle » et « patrimoniale », peut contribuer à problématiser, orienter, voire redéfinir l’offre touristique d’un territoire : sous quelles formes et dans quelle mesure participe-t-il à la mise en scène des ressources locales, que ces dernières relèvent du domaine naturel ou culturel ? Projeté au cœur des processus de patrimonialisation, comment peut-il préserver son ancrage disciplinaire ? Quels outils méthodologiques, quelles stratégies mettre à contribution ? Dans quels contextes les déployer ? Qui sont les acteurs concernés et comment se positionnent-ils vis-à-vis du chercheur ? Quels enjeux et quelles limites la mise à distance soulève-t-elle au regard des processus de patrimonialisation à l’œuvre ?

Tout en proposant une réflexion épistémologique portant sur le sens et la portée du métier d’anthropologue aujourd’hui, notamment lorsqu’il intervient au sein d’Institutions culturelles et touristiques, cette communication traitera donc de la délicate posture du chercheur impliqué dans les processus de patrimonialisation, dont il étudie et observe les réalités sous-jacentes autant qu’il participe, aux côtés de divers acteurs (population, associations, institutions…) à la fabric-action.

*Katia FERSING est Ethnologue, Chercheuse associée au laboratoire LIRCES EA 3159, Université de Nice-Sophia-Antipolis. Chargée de Mission Patrimoine et Culture, Office de Tourisme de Roquefort-sur-Soulzon

Publié le : 14/05/2019 19:42 - Mis à jour le : 14/05/2019 19:42