
SIMMEN Bruno

Recherches en primatologie comparée et biologie de la conservation portent sur :
• Alimentation, métabolisme énergétique et traits d’histoire de vie. Appréhender les mécanismes adaptatifs contribuant à l’équilibre énergétique des primates sauvages suppose de déterminer le régime alimentaire par des méthodes quantitatives. Evaluer la matière ingérée par un individu au cours de ses déplacements quotidiens in natura est un défi que je tente de relever. De même, la mesure de la dépense énergétique et de la composition corporelle en condition naturelle constitue un second défi. A l’aide de l’eau doublement marquée (isotopes stables de l’oxygène et de l’hydrogène), j’ai pu mettre en évidence la grande particularité métabolique de l’humain et des autres primates par rapport aux mammifères placentaires, avec 50% de dépense énergétique quotidienne en moins à poids égal, caractérisant un groupe taxonomique très « économe » en énergie. Les résultats suggèrent de réviser les recommandations en matière d’activité physique humaine et de ne pas négliger les différences métaboliques avec les modèles utilisés en recherche biomédicale sur l’obésité (e.g., rongeurs vs primates). Un modèle de compromis énergétique a été proposé sur cette base pour expliquer la « lente » histoire de vie de la plupart des primates par rapport aux autres euthériens. Ce compromis s’applique aussi à l’évolution de la taille du cerveau humain, grand consommateur d’énergie, malgré un budget énergétique total peu différent (chasseurs-cueilleurs) de celui des autres primates de même taille.
• Biologie de la conservation dans les espaces sous protection communautaire
Dans une approche interdisciplinaire intégrant sciences sociales et sciences écologiques, mes travaux portent sur les socio-écosystèmes de Madagascar et de Mayotte. Ils visent à caractériser la biodiversité ainsi que ses transformations du point de vue écologique et ethnologique dans les habitats anthropisés. Dans la perspective de gestion durable des écosystèmes forestiers tropicaux, ces travaux interrogent la valeur écologique, symbolique et économique des espèces et des espaces de la biodiversité pour les populations humaines locales. Collectivement, nous abordons cette question à travers les savoirs et les usages des ressources naturelles, en nous intéressant plus spécialement aux relations que les sociétés Sakalava, Maoraises et d’autres ethnies entretiennent avec les communautés de primates non humains, espèces « ingénieures » (dissémination des graines et régénération forestière) et récréatives (éco-tourisme) mais aussi parfois espèces sacrées. À partir d’outils méthodologiques à la fois spécialisés et hybrides, une connaissance pointue des représentations sociales associées à un groupe animal emblématique de la diversité biologique, ainsi que le rôle écologique de ces espèces, facilitent la prise de décision dans les programmes de conservation.
Date: 1 June 2021 - 31 May 2023
Goal
In Mayotte, where agriculture is characterized by strong socio-economic challenges, wildlife protected by international conventions plays, according to farmers, an increasingly disruptive role. Farms are small, very numerous and they produce mainly food resources that ensure food security for families. But the rapid increase in the human population associated with deforestation and the fragmentation of forest environments intensifies interactions with wildlife, especially with frugivorous species. This competition is particularly marked concerning the Mayotte brown lemur (Eulemur fulvus), a protected frugivorous primate and emblematic of conservation on the island, whose ecological flexibility is notable. The ecological success of this lemur in the face of environmental constraints would be based on a particular management of its energy budget and its rate of activity. However, for primates in general, we lack studies on quantitative energetics in natural conditions. Similarly, taking into account the representations of nature by local actors in sustainable development projects, although widely underlined in international reports, requires a co-construction of approaches in human sciences and biological sciences. This turns out to be often an epistemological obstacle.
Objectives
This interdisciplinary program aims to document the interaction between farmers and lemurs using ethnological, faunal and ecological data, with a view to remediation involving a set of local, institutional and non-institutional actors. It aims to acquire three main types of knowledge: (a) determine the eco-ethological and physiological characteristics (food and energy needs) of the Mayotte lemur as well as the demographic dynamics (population density, group composition, one-year survival ) of this species, (b) assess the damage caused locally to food crops by this frugivorous primate on the edge of forest reserves, and (c) identify the cultural roots from which local institutions can articulate actions to preserve the species respecting agricultural practices.
Planned activities
The project involves ethno-ecologists, specialists in tropical plant formations (from the Comoros archipelago and Madagascar in particular), and specialists in animal biology and ecology, primates in particular. Interdisciplinarity is intrinsic to this project, through the study of the interactions between the biological cycle of lemurs, the cycles of cultivated and uncultivated plants (protected or not), and human activities relating to biological conservation and food security. . After the preparation and the start of the project, the demographic dynamics of the lemur of Mayotte as well as the eco-ethological and physiological characteristics of this species from observational and eco-physiological approaches will be studied. The levels of harvesting of fruit resources cultivated and planted in the polycultures of Mahoran agroforestry will be analyzed. This research will be associated with plant studies on nearby forests and the forest/agroforest ecotone, i.e. making up the main habitats of lemurs, as well as work on the representations of the brown lemur in adult cultivators and non-cultivators. The approaches in ethnobiology will aim in particular to evaluate the changes in perception of the animal since the work carried out in the years 2000-2003 (Tropical Ecosystems program ECOFOR carried by the Museum) and the current integration of this primate in the system of representation and uses of nature by the human populations of Mayotte and other actors, institutional and non-institutional.
Mon projet adresse, en l’étendant à diverses espèces de primates, les 2 objectifs principaux: (a) évolution de la balance énergétique et adaptations à la variation saisonnière des ressources alimentaires du point de vue comportemental et physiologique. Ce thème questionne les mécanismes energétiques sous-jacents à la flexibilité des traits d’histoire de vie chez les primates non-humains et humains ; (b) conservation des primates non-humains en interrogeant la complexité des socio-écosystèmes et les (dés-)équilibres écologiques dans les « hotspot » de biodiversité comme Madagascar.
Madagascar