REVEL-MCDONALD Nicole

Directeur de recherche émérite au CNRS
Nicole Revel est linguiste et ethnologue. Hispanisante et littéraire de formation, elle a bifurqué vers l’ethnologie au cours d’une maîtrise sur l’œuvre de Miguel Angel Asturias. Les enseignements de Cl. Lévi-Strauss, A. Leroi-Gourhan et A. Martinet furent déterminants de sa vocation. Une formation à la Sorbonne, puis à l’EPRASS (EHESS), précède le travail de terrain. Au CeDRASEMI, G. Condominas , A-G Haudricourt et J. Barrau ont guidé ses travaux en linguistique anthropologique et en ethnoscience, complémentaires de ceux de l’ethnologue Charles Macdonald.
C’est à Palawan, près du complexe préhistorique de Tabon Cave aux Philippines que, dès 1970, les recherches linguistiques et ethnographiques ont commencé en collaboration avec les Palawan, sur les conseils de l’ethnologue et archéologue Robert Bradford Fox. L’analyse structurale du Palawan (Thèse de 3ème cycle, 1974 ; parue en 1978) initia cette entreprise monographique, et se doubla d’une thèse d’État sur la connaissance de la nature des Montagnards Fleurs de Paroles. Histoire Naturelle Palawan (1985, publiée en 1990-92, 3 vol Parallèlement à ces travaux en ethnoscience, la coordination de l’Atlas ethnolinguistique sur le Riz en Asie du Sud-Est lui avait été confiée (5 familles linguistiques) paru en 1988 (EHESS). Dans le monde insulindien, ses recherches lexicographiques et sémantiques portent sur le Palawan mais aussi sur diverses langues et cultures des minorités des Philippines, sur le monde naturel, sur les littératures de la voix, les arts de la parole et de la performance, sur la sauvegarde de ces savoirs et des patrimoines immatériels de ces langues en danger.
Entrée au CNRS en 1972, elle est devenue Directeur de recherche en 1988. Pendant dix ans elle a dirigé le séminaire international « Épopées » dans le cadre de l’Étude intégrale des Routes de la Soie : Routes de Dialogue, programme sous l’égide de l’Unesco (1991-2001). Chargée d’enseignement à la Formation à la Recherche anthropologique (EHESS) dès 1977, elle a, tout au long de sa carrière de chercheur, assuré des enseignements et dirigé des séminaires au CRO (INALCO) depuis 1985, à l’Université René Descartes de 2001 à 2009, au Centre A-G Haudricourt de 20001 à 2010, au Musée du quai Branly depuis 2007, à l’Université des Philippines et à l’Université Ateneo de Manila depuis 2001 où sont abritées les archives des épopées et des ballades de quinze communautés nationales :
Philippines Epics and Ballads Archives
Depuis 2010 elle est intégrée à l’ UMR 7206 au Muséum.
Elle est responsable du Séminaire Anthropologie des Savoirs en Asie et anime avec Dana Rappoport, trois journées d’étude (17 Octobre. 12 Décembre et 14 Mars 2012 , EHESS, Inalco, Musée du quai Branly) sur les thèmes suivants :
Patrimoines matériels et immatériels en Asie Centrale, du Sud et du Sud-Est : Rituels, Littératures de la voix, Musiques.
Au Muséum, elle est membre de l’opération « Catégorisation et Classification » et participe au programme d’enseignement en Préhistoire et Paléontologie QP11.
Anthropologie des savoirs en Asie
Coord. NICOLE REVEL
Le séminaire se déroulera en deux temps consécutifs et sera centré sur la diversité des modes de constitution et de transmission de quelques savoirs et et savoir-faire en Asie.
Dans un premier temps, l’interrogation portera sur les savoirs immatériels reliés aux patrimoines matériels dans les arts de la musique, de la danse, des narrations, des rituels et du théâtre.
Dans un deuxième temps, une réflexion spécifique et générale sur l’anthropologie de l’enfance sera développée.
Construits, transmis, acquis les savoirs sont perceptibles par la sensibilité, les paroles, les corps, par les relations de parenté, les activités quotidiennes, rituelles, l’organisation de la société et du cosmos. Ils se transmettent sur des modes très divers, par des techniques performatives grâce à des processus d’attention et de mémorisation et qui nous mobilisent particulièrement. Ils formulent explicitement ou laissent émerger implicitement, des conceptions du Beau qu’il nous importe de comprendre et de traduire.
L’interaction entre les savoirs et les modes de dévoilement de ces savoirs par le chercheur sera également abordée.
1/ Patrimoines matériels et immatériels en Asie centrale, du Sud et du Sud-Est. Rituels, Littératures de la voix, Musiques.
Responsables : Nicole Revel et Dana Rappoport
Un lien intrinsèque unit patrimoines matériels et immatériels : les objets et artefacts sont reliés aux expressions verbales et co-verbales lors de la performance de rituels, de toutes formes de représentations théâtrales et d’expressions musicales (chants chamaniques, chant d’épopées et théâtralisation de ces grands récits, lamentations, berceuses, récits mythiques, récitations de généalogies, chants agraires…).
Par l’analyse d’actions et d’expériences multisensorielles et multimodales, par une ethnographie de la parole, le recours à l’ethno-pragmatique et à l’analyse ethnomusicologique, nous tenterons de faire apparaître l’acquisition et la maîtrise des savoirs et des savoir-faire, divers procédés mnémoniques, les codes qui sous-tendent les compositions musicales, poétiques, rituelles et théâtrales, la créativité des interprètes et les différentes esthétiques qui en émanent.
Les supports de la mémoire auxquels ont recours les sociétés traditionnelles associés aux techniques contemporaines du multimédia seront simultanément considérés et analysés.
Cet enseignement se déroulera en trois journées d’étude au long de l’année universitaire 2011-2012. Chaque journée rassemblera quatre ou cinq intervenants, outre les deux responsables :
2/ Repenser l’anthropologie avec les enfants
Responsable : Natacha Collomb
Depuis quelques décennies, l’anthropologie s’est ressaisie à nouveaux frais de la question, déjà ancienne dans la discipline, de l’enfance. Un des aspects prégnants de ce renouveau est le statut accordé aux enfants : partenaires sociaux à part entière et donc interlocuteurs légitimes, ils viennent prendre leur place en tant que sujets aux côtés des institutions (famille, école…) qui participent à leur fabrication comme catégorie sociale et comme personne.
Par le biais d’une approche critique et réflexive, nous questionnerons la place et le statut épistémologique des enfants dans l’anthropologie (prétextes, biais, objets, sujets, interlocuteurs…). Plus généralement, nous nous demanderons ce que travailler sur l’enfance et/ou avec les enfants permet à l’anthropologue de penser ou de repenser. Cette démarche participe donc d’une anthropologie des savoirs où les savoirs considérés sont autant ceux des multiples et divers acteurs, sujets de la recherche, que ceux constitués par le chercheur lui-même.
Ce séminaire se déroulera en 2 journées d’études au printemps