
RAGOT Florian

La culture matérielle fang dans les collections de l’espace européen francophone
Le patrimoine culturel ancien des Fang (Cameroun, Gabon et Guinée équatoriale) conservé dans les musées publics français, belges et suisses reflète les choix des collecteurs de l’époque coloniale (XIXe – XXe siècles), dont découle une certaine vision de la culture matérielle des rituels fang à (ré)interroger. Les informations muséales sur ces objets, souvent incomplètes, traduisent les rapports variés des collecteurs à ces pièces et constituent des marqueurs de l’histoire de la collecte ethnographique en pays fang. Sous l’administration coloniale, le nom « Fang » a pu être associé à des cultures (Bulu, Beti, Ntumu, Mvai, Betsi, Okak, etc.) et à des groupes plus larges (Pangwe, Pahouin, etc.). Aussi, une lecture critique de sources écrites et une réflexion sur la constitution des collections d’objets en période coloniale aideront à (ré)évaluer les connaissances sur le sujet. Cette thèse contribuera au programme ANR NGII sur l’histoire culturelle des rites initiatiques fang, par l’incrémentation de métadonnées (typologies, ethnonymes, matériaux, usages, collecteurs, etc.) dans une grille d’analyse interdisciplinaire d’observation de l’évolution des pratiques rituelles – entre leur disparition contrainte au début du XXe siècle et leurs survivances actuelles. Si la confrérie du Ngii est célèbre depuis le début du XXe siècle à travers les récits sur sa violence et l’engouement esthétique pour ses masques blancs chez les artistes européens, peu d’études ou de témoignages en ont vraiment fait état. Par contre, le goût parisien des années 1900 pour l’art fang a concentré l’intérêt sur certains artefacts et suscité la création d’un marché dédié, resté depuis un véritable phare pour les collectionneurs. Étudier cette société rituelle méconnue à partir de traces matérielles s’avère donc nécessaire pour mieux connaître la culture fang et resituer la valorisation de l’« art pahouin » dans l’histoire de l’art. Il s’agira notamment de voir en quoi les sociétés initiatiques fang transparaissent dans les ensembles de collections muséales et comment des masques anciens ont servi de modèles ou trouvé écho dans des formes contemporaines. L’analyse des liens entre cette culture matérielle fang et des pratiques abandonnées ou résiduelles du Ngii se fera en collaboration avec des chercheurs fang du programme. Cette recherche sur des objets constitutifs de l’histoire des Fang offrira des points de repère utiles pour comprendre la transmission de leurs référents culturels, entre hier et aujourd’hui.
Afrique occidentale et Afrique centrale