EPELBOIN Alain

Médecin, anthropologue, vidéographe, je suis spécialisé dans les domaines de l’anthropologie du corps, de la santé, de la maladie, du malheur et du « guérissage ». 

J’étudie les modes de traitement des « formes élémentaires des événements » « ordinaires et extraordinaires », affectant les individus et les collectivités, tout particulièrement au travers des techniques d’apprentissage aux différents temps de la socialisation de la petite enfance, de la construction du genre et des âges de la vie en général, de la naissance à l’après mort, en passant par la sexualité.

Du corps biologique au corps social, des savoirs communs aux savoirs savants, de la campagne à la ville, mes recherches sont basées sur une ethnographie du quotidien : les principes en sont l’observation flottante et participante, l’accompagnement « empathique » des itinéraires diagnostiques et thérapeutiques et des processus de guérissage passés, présents et futurs mis en œuvre, les entretiens en situation, initiés ou non par des enregistrements vidéo travaillés in situ. L’anthropologie visuelle occupe une part très importante avec une volumineuse production de films ethnographiques, à la fois dans une logique de conservation de patrimoines immatériels de l’humanité, mais aussi de matériaux de recherche permettant des décryptages des formes élémentaires de l’événement ordinaire ou extraordinaire et de leurs relectures pluridisciplinaires.

Il s’agit de comprendre comment un événement, biologique ou non, est traité, placé ou non dans une séquence du malheur, associant divers évènements frappant l’individu et/ou son corps social, de mettre à plat les modèles de causalité envisagés et les usages sociaux qui en sont fait.

Pour résumer ma démarche théorique, j’emploie le concept d’ « anthropologie du malheur », car il permet de dépasser les cadres épistémologiquement restrictifs d’ « anthropologie de la maladie » ou « anthropologie médicale » ou « ethnomédecine » ou « anthropologie religieuse ».

À l’inverse et de façon croisée, il peut également s’agir d’utiliser un virus, une bactérie ou un parasite, un polluant, comme un objet maussien : un marqueur des parcours physiques, temporels et sociaux des individus ; un indicateur des usages matériels et symboliques des micro et macro écosystèmes appréhendés par un individu et sa (ses) société (s) ; des révélateurs des relations mises en place entre l’individu, la société et un environnement, à la fois écologique et fantasmagorique.

Un temps important de mes activités est consacré à l’anthropologie médicale appliquée, qu’il s’agisse de formations de soignants à la médecine transculturelle, voire l’ethnomédecine, d’aporie (impuissance/souffrance) d’équipes soignantes vis-à-vis de patients de cultures africaines en région parisienne ou d’humanisation de réponses internationales aux épidémies (ré)émergentes mortelles, maladies à virus Ebola, Marburg, peste etc… 

Par ailleurs un temps considérable est consacré à la muséologie (muséographie et scénographie), essentiellement celle de plus de 10000 amulettes et objets magiques collectés depuis 1985 à la décharge à ordures de Dakar-Pikine au Sénégal : soit une vingtaine d’expositions depuis 1993.

Les terrains

Mes principaux terrains anthropologiques “ actifs ”, dans l’ordre chronologique, sont :

- le Sénégal oriental : Peuls, Malinkés, malades et guérisseurs, depuis 1976

- l’agglomération urbaine de Dakar depuis 1979, Joal depuis 1993 : populations en limite de subsistance, habitants de la décharge à ordure de Dakar-Pikine, malades, guérisseurs et soignants médico-sociaux, associations de personnes vivant avec la séropositivité,… : trois missions en 2013 (21 jours), 2015 (2 x 21 jour), permettant de poursuivre la collecte et la recherche sur les amulettes sénégalaises et de préparer la réalisation du « Car rapide sénégalais » exposé dans le parcours permanent du nouveau Musée de l’homme ;

- l’Afrique centrale : Pygmées et Villageois forestiers, malades et guérisseurs, en République centrafricaine depuis 1980, et trois missions au Gabon entre 2006 et 2008.

- la région parisienne, à l’hôpital, en PMI et à domicile, en prison : médiation culturelle, entre soignants en situation d’aporie et soignés originaires d’Afrique noire francophone, voire ethno-guérissage, à raison d’une dizaine de cas par an depuis 1989 : protection maternelle et infantile, saturnisme infantile, soins palliatifs, observance de traitements au long cours, psychopathologies réactionnelles au sida et au malheur…

- les épidémies de fièvre hémorragique à virus Ebola et Marburg en Afrique : des comités d’experts internationaux et nationaux au terrain (Cuvette Ouest de la République du Congo février et décembre 2003, Angola 2005, République démocratique du Congo 2007, Nord Congo 2008, RDC sept 2012, Guinée 2014 et 2016, 3 missions d’un mois comme consultant OMS-GOARN ; veille internet anthropo-épidémiologique Ebola, Marburg, peste, fièvre de Lassa, maladie de Lyme…

Les collections

- Collections d’ethnobiologie Afrique- Asie- Océanie - Amérique latine - Maghreb - Egypte - Europe
- Collection d’ethnobiologie AlEp, amulettes et objets magiques ouest-africains, collectés dans les décharges à ordures du Sénégal de 1983 à 2018.