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CHAMEL Jean
![Muséum national d'Histoire naturelle](/sites/eae/files/styles/umr_desktop_footer_tutelle/public/organisme/mnhn_sceau_noir_500.png?itok=0wTubqqx)
61 rue Buffon
75005 Paris
Depuis l’inclusion en 2008 de droits spécifiques à la « nature » dans la constitution équatorienne et l’adoption quelques années plus tard de lois relatives aux droits de la Terre-mère en Bolivie, les initiatives visant à accorder des droits aux êtres non-humains se sont multipliées dans le monde. En 2017, des tribunaux indiens ont accordé le statut d’entité vivante pourvue d’une personnalité juridique à plusieurs glaciers et rivières (dont le Gange) et le parlement néo-zélandais a reconnu ce statut à la rivière Whanganui, des décisions qui ont été amplement médiatisées. Plus discrètement, des démarches similaires sont en cours un peu partout dans le monde, à l’initiative de réseaux écologistes transnationaux en pleine expansion.
Cette recherche vise à mieux saisir ce mouvement en étudiant les ramifications européennes de ces réseaux. Leurs initiatives juridiques sont encore balbutiantes mais leur projet constitue déjà en soi une arène d’enjeux ontologiques et cosmopolitiques propices à l’investigation. En effet, alors même que leur rapport au monde présente des traits analogistes et qu’ils confèrent aux êtres qu’ils entendent défendre une sentience qui n’est pas sans rapport avec l’animisme, ils cherchent à la fois à se défaire d’une ontologie naturaliste dominante et mobilisent un droit sur laquelle il est pourtant fondé d’après eux. Ce projet ambitionne donc de démêler ces entrelacements ontologiques, dans les discours comme dans les rapports sensibles que les acteurs entretiennent avec les entités qu’ils défendent. Il est composé de trois objectifs :
1) Cartographier ces réseaux européens et analyser leur discours ;
2) Observer les rapports sensibles qu’entretiennent les acteurs avec des « êtres de la Terre » ;
3) Documenter les enjeux cosmopolitiques relatifs à la question des « droits de la nature ».
Alors que les objectifs (1) et (3) solliciteront les méthodes usuelles de la recherche qualitative (entretiens semi-directifs, observation participante d’évènements et analyse d’un corpus de discours) avec un ample recours à l’internet pour étudier des réseaux qui se déploient largement dans l’espace virtuel, une approche plus sensitive sera adoptée pour tenir l’objectif (2).
Ce projet de recherche se situe au cœur des dernières évolutions de la recherche anthropologique marquée par le « tournant ontologique » et la sensorialité. Il se propose d’enquêter sur des réseaux militants qui demeurent très peu étudiés, et selon d’autres perspectives. Cette recherche contribuera donc à améliorer la compréhension de ce mouvement en faveur des « droits de la nature » qui pourrait refléter une lente transformation de la structure ontologique occidentale. Elle participera aussi au mouvement visant à repousser les frontières du champ d’étude anthropologique, fondé sur la distinction nature universelle/cultures particulières, en explorant le champ des relations aux êtres de la Terre non pensants mais néanmoins actants de notre monde.
Europe occidentale