
Contact
61 rue Buffon
75005 Paris
Présentation
Formé initialement comme ingénieur, Jean Chamel est aussi titulaire d’un Master en études du développement de l’Institut de Hautes Études Internationales et du Développement (IHEID, Genève). Il a travaillé pour diverses agences de Nations Unies à Genève et à Rome dans le traitement des questions de compétences (Life Skills, Skills Development) liées à la coopération internationale, ainsi que dans l’analyse des politiques publiques globales liées à l’environnement et à la soutenabilité.
Mots clés
Écologie et religion/spiritualité
Catastrophes, effondrement et millénarisme
Rapports entre science, politique et religion
Écospiritualité, écologie profonde, écopsychologie
Courants alternatifs, New Age
Pensée holiste et moniste
Écocentrisme et anti-anthropocentrisme
Ethnographie des réseaux
Pratiques écologiques
Europe
Projets
Depuis l’inclusion en 2008 de droits spécifiques à la « nature » dans la constitution équatorienne et l’adoption quelques années plus tard de lois relatives aux droits de la Terre-mère en Bolivie, les initiatives visant à accorder des droits aux êtres non-humains se sont multipliées dans le monde. En 2017, des tribunaux indiens ont accordé le statut d’entité vivante pourvue d’une personnalité juridique à plusieurs glaciers et rivières (dont le Gange) et le parlement néo-zélandais a reconnu ce statut à la rivière Whanganui, des décisions qui ont été amplement médiatisées. Plus discrètement, des démarches similaires sont en cours un peu partout dans le monde, à l’initiative de réseaux écologistes transnationaux en pleine expansion.
Cette recherche vise à mieux saisir ce mouvement en étudiant les ramifications européennes de ces réseaux. Leurs initiatives juridiques sont encore balbutiantes mais leur projet constitue déjà en soi une arène d’enjeux ontologiques et cosmopolitiques propices à l’investigation. En effet, alors même que leur rapport au monde présente des traits analogistes et qu’ils confèrent aux êtres qu’ils entendent défendre une sentience qui n’est pas sans rapport avec l’animisme, ils cherchent à la fois à se défaire d’une ontologie naturaliste dominante et mobilisent un droit sur laquelle il est pourtant fondé d’après eux. Ce projet ambitionne donc de démêler ces entrelacements ontologiques, dans les discours comme dans les rapports sensibles que les acteurs entretiennent avec les entités qu’ils défendent. Il est composé de trois objectifs :
1) Cartographier ces réseaux européens et analyser leur discours ;
2) Observer les rapports sensibles qu’entretiennent les acteurs avec des « êtres de la Terre » ;
3) Documenter les enjeux cosmopolitiques relatifs à la question des « droits de la nature ».
Alors que les objectifs (1) et (3) solliciteront les méthodes usuelles de la recherche qualitative (entretiens semi-directifs, observation participante d’évènements et analyse d’un corpus de discours) avec un ample recours à l’internet pour étudier des réseaux qui se déploient largement dans l’espace virtuel, une approche plus sensitive sera adoptée pour tenir l’objectif (2).
Ce projet de recherche se situe au cœur des dernières évolutions de la recherche anthropologique marquée par le « tournant ontologique » et la sensorialité. Il se propose d’enquêter sur des réseaux militants qui demeurent très peu étudiés, et selon d’autres perspectives. Cette recherche contribuera donc à améliorer la compréhension de ce mouvement en faveur des « droits de la nature » qui pourrait refléter une lente transformation de la structure ontologique occidentale. Elle participera aussi au mouvement visant à repousser les frontières du champ d’étude anthropologique, fondé sur la distinction nature universelle/cultures particulières, en explorant le champ des relations aux êtres de la Terre non pensants mais néanmoins actants de notre monde.
Terrains de recherche
Europe occidentale
Publications
- CHAMEL Jean. 2019. « Relational Ecologists Facing “the End of a World”: Inner Transition, Ecospirituality, and the Ontological Debate ». In Indigenous Perceptions of the End of the World. Creating a Cosmopoliticsof Change. Palgrave Macmillan. https://www.palgrave.com/fr/book/9783030138592.
- 2019 — Faire le deuil d’un monde qui meurt. Quand la collapsologie rencontre l’écospiritualité. Terrain , n° 71, p. 68-85,
- 2018 — « Tout est lié ». Ethnographie d’un réseau d’intellectuels engagés de l’écologie (France-Suisse) : de l’effondrement systémique à l’écospiritualité holiste et moniste. , , Thèse de doctorat - Université de Lausanne,
- 2017 — Des écologistes face à l’hubris de la modernité: démesure, surmesure et amesure. (Acte du 2ème congrès de l'AFEA "Démesure", Toulouse, 29 Juin-2 Juillet 2015) , ,,
- 2017 — « On est tous des composts ». Discours et pratiques écologistes autour des déchets organiques et des toilettes sèches. Tsantsa , n° 22, p. 89-94,
- CHAMEL Jean. 2017. « Des écologistes Face à l’effondrement. Décolonisation De l’imaginaire Et Alternatives créatives ». In Résister Corps Et âme. Individus Et Groupes Sociaux Face Aux Logiquesdes Pouvoirs, 71-89. Presses Universitaires de Provence.
- CHAMEL Jean. 2016. « Visions Du Monde Des écologistes Catastrophistes : Entre Attente De La Fin d’un Monde Et Retrait Hors Du Monde ». In Processus De légitimation Entre Politique Et Religion : Approcheshistorico-Culturelles Et Analyses De Cas Dans Les Mondes européen Etextra-européen, 281-98. Editions Beauchesne; Mancini Silvia & Rousseleau Raphaël.ISBN978-2-7010-2232-1