Susanne FÜRNISS débutera son projet NGII en 2025
Pertinence actuelle des anciens rites : la confrérie Ngii des Fang d'Afrique centrale (2025-2027)
Co-porteur France : Sylvie Le Bomin (ethnomusicologue, Sorbonne, laboratoire IReMus)
Coresponsables Université Omar Bongo de Libreville (Gabon) : Régis Ollomo Ella (linguiste, laboratoire CRELL), Florence Bikoma (anthropologue, laboratoire LUTO)
L'objet du projet est la dynamique des pratiques culturelles dans les sociétés de tradition orale et l'abandon forcé de leurs institutions sociales suite aux actions coloniales et missionnaires du 20e siècle. L'accent sera mis sur les pratiques de la société initiatique Ngii (pl. Bengii) du peuple Fang, une société de tradition orale du Gabon, du Cameroun et de Guinée Équatoriale. Son rôle fondamental était l'encadrement de la société et de son temps social à travers différentes pratiques sociales et cultuelles. Documenté au début du 20e siècle au Sud Cameroun et du Nord Gabon, la pratique des Bengii a été quasiment abandonnée depuis. Cependant, des témoignages ont encore été recueillis récemment au Cameroun et au centre du Gabon. À l'est du Gabon, elle existe encore chez les Kwélé et les pygmées Koya qui l'ont empruntée aux Fang il y a environ quatre générations. La découverte de rapports administratifs se référant directement aux Bengii a révélé le rôle actif de l'administration coloniale dans la destruction du système de valeurs et la transformation du paysage rituel fang.
Ce projet a plusieurs objectifs et résultats escomptés :
1) La description interdisciplinaire de l'institution sociale Ngii, de ses pratiques rituelles et de sa diversification régionale. C'est la première fois qu'une telle étude diachronique et interdisciplinaire sera réalisée. Elle se fondera sur l'analyse conjointe de données musicales, linguistiques, ethnologiques, administratives et matérielles. Au cœur du projet est la mise en relation de témoignages de première main de pratiques récentes par des initiés Bengii avec la documentation issue de sources coloniales et ethnologiques.
2) La proposition méthodologique d'une grille d'analyse systématique pour l'étude des pratiques rituelles à travers des sources de natures différentes. Une telle grille permet de paramétrer les éléments porteurs des rituels observés en différents lieux et à différentes époques et d'identifier les transformations et les transferts. A plus long terme, une telle synthèse analytique permet d'envisager la modélisation des processus évolutifs des pratiques rituelles.
3) L'étude des motivations, des stratégies et des mécanismes de transformation du Ngii. Elle aura pour but de mettre au jour les facteurs externes qui ont annihilé les dynamiques propres au système rituel fang et ont provoqué l'émergence d'autres rituels. Ce projet dégagera l'impact de l'interdiction de sa pratique sur le fonctionnement actuel de la société fang, ses ruptures et ses pertes de repères et illustrera comment cette institution continue à structurer implicitement la pensée et les comportements. Il permettra de développer des hypothèses sur l'évolution et la diffusion spatio-temporelle des rituels traditionnels et leur adaptation contemporaine.
Participants outre les responsables
- de l'UMR 7206 : Éric Gimel, Frank Alvarez-Pereyre, Marie-France Mifune
- d'autres unités en France, au Gabon et en Espagne : Jean-Émile Mbot, Bonaventure Mve Ondo, Isabela de Aranzadi