Publication de Bruno SIMMEN avec des collègues du Parc Zoologique et Botanique de Mulhouse et de l’IPHC de Strasbourg (UMR 7178, Université Louis Pasteur)
A l’échelle des différentes espèces de Primates, une relation positive de la dépense énergétique totale à la masse corporelle est bien établie, comme chez les autres groupes de mammifères. En revanche, il reste à déterminer dans quelle mesure cette caractéristique métabolique varie à l’échelle de l’espèce, et en fonction de quels facteurs. Dans cet article, les auteurs ont évalué les effets climatiques et morphométriques (comme la taille ou la masse des individus) sur la dépense énergétique d’un primate, le lémur brun à Mayotte. Les mesures ont été effectuées à l’aide d’une méthode éco-physiologique rigoureuse à deux saisons, humide et sèche, dans un environnement agroforestier où les nombreux lémurs sont inféodés à la parcelle et ont un accès permanent à des ressources alimentaires stables. Les observations montrent non seulement l’existence d’une période d’engraissement, mais aussi une augmentation très significative de la dépense énergétique à mesure que la température ambiante s’accroit. Comme attendu, les individus de plus forte masse corporelle, et plus spécifiquement de plus forte masse maigre, dépensent plus d’énergie. Les résultats mettent en avant le besoin de reconsidérer l’importance des coûts de thermogénèse dans le métabolisme énergétique des primates sauvages. Ils mettent aussi en évidence la similitude de dépense énergétique entre cette population et une autre espèce proche de lémur vivant dans une forêt galerie à Madagascar, dont les conditions environnementales sont très différentes. La comparaison accrédite la thèse selon laquelle la dépense énergétique varierait dans une fenêtre physiologique étroite, sans doute le reflet de mécanismes de compensation physiologique et comportementale.
Reference :
Simmen B., Quintard B., Lefaux B., Tarnaud L., Correa-Pimpao G, Ibanez R, Blanc S, & Zahariev A. Thermal and morphometric correlates of the extremely low rate of energy use in a wild frugivorous primate, the Mayotte lemur. Sci Rep 14, 21700 (2024). https://doi.org/10.1038/s41598-024-72189-2