Publication de Karl Zeller (doctorant IBEES, Sorbonne Université) avec plusieurs membres de l'équipe Interaction Primates & Environnement et des collègues de l'Université de Strasbourg (UMR 7364 & Centre de Primatologie) dans ANIMAL COGNITION

Détecter et identifier rapidement les prédateurs est essentiel pour rester en vie. Selon la Snake Detection Theory (SDT), les serpents représentent une menace importante pour les primates depuis des millions d'années, de sorte que des capacités visuelles spécifiques se seraient développées chez les premiers primates pour détecter rapidement les serpents. Des expériences antérieures ont testé la SDT en mesurant la vitesse à laquelle des primates détectaient des images de serpents parmi des distracteurs non dangereux, mais elles n'ont pas inclus d'images d'autres prédateurs de primates, tels que les félins, les rapaces et les crocodiliens. Ici, nous avons examiné les capacités de détection de 25 macaques (macaques de Tonkean et macaques rhésus) à repérer différents prédateurs. En utilisant une tâche de type « trouve l’intrus », nous avons enregistré les taux de réussite et les temps de réaction pour localiser une image déviante parmi quatre images sur plus de 400 000 essais. Les images représentaient un prédateur, un animal non prédateur ou une simple forme géométrique. La première tâche consistait à détecter une image déviante parmi des images distractrices identiques (discrimination) et la seconde était conçue pour évaluer les capacités de détection d'une image déviante parmi des images distractrices différentes (catégorisation). Les macaques ont détecté les formes géométriques plus souvent et plus rapidement que les images d'animaux, et ont été meilleurs et plus rapides à discriminer qu'à catégoriser. Contrairement à ce qui était considéré comme démontré depuis de nombreuses années, notre étude montre que les macaques ne détectent pas des images de serpents plus fréquemment ou plus rapidement que des images d’autres animaux. Ainsi, ces résultats suggèrent que les serpents ne capturent pas plus l'attention visuelle que d’autres prédateurs, ce qui remet en question les conclusions d’études précédentes en faveur de la SDT.

Spot the odd one out: do snake pictures capture macaques’ attention more than other predators? / K. Zeller, S. Ballesta, H. Meunier, J. Duboscq, L. Morino, A. Rimele, X. Bonnet, A. Maille, G. Dezecache & C. Garcia. Animal Cognition, 2023.
doi.org/10.1007/s10071-023-01831-9

Publié le : 26/10/2023 12:17 - Mis à jour le : 26/03/2024 15:08