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La grotte Chauvet-Pont d’Arc (Ardèche) était fréquentée par les hommes il y a 35 000 ans, qui y ont réalisé les plus anciennes fresques directement datées. À la même époque, l’ours des cavernes l’occupait de façon prolongée pour l’hibernation, et des incursions plus ponctuelles d’autres animaux sont également connues. C’est l’un de ces visiteurs occasionnels de la grotte, le loup, qui fait l’objet de l’article publié par Céline Bon et Jean-Marc Elalouf. L’étude a bénéficié de l’exceptionnelle préservation de la matière organique dans un coprolithe (excrément fossile) qui a permis sa datation par le radiocarbone (36 150-34 000 ans calBP) ainsi que l’analyse de l’ADN ancien qu’il contient. Le séquençage massif de l’ADN fournit un génome mitochondrial complet qui est celui d’une lignée maternelle éteinte particulièrement apparentée à celle de loups de la même époque découverts en Belgique. Le génome nucléaire, également accessible grâce à cette étude, révèle que le spécimen de la grotte Chauvet est en fait une louve, plus proche génétiquement des loups gris d’Europe et du Moyen Orient que de ceux des autres régions du monde et des chiens actuels. L’analyse de l’ADN du coprolithe donne également des informations sur l’alimentation de cette louve : la consommation d’ours des cavernes est mise en évidence grâce à la présence d’ADN de cette espèce dans le coprolithe. Cette information inattendue explique vraisemblablement l’incursion de la louve dans les secteurs profonds de la grotte, dans le noir absolu, où la présence d’ours affaiblis par l’hibernation représentait un réservoir de nourriture pour un grand prédateur.

The genome and diet of a 35,000-year-old Canis lupus specimen from the Paleolithic painted cave, Chauvet-Pont d'Arc, France / Jean-Marc Elalouf, Pauline Palacio, Céline Bon, Véronique Berthonaud, Frédéric Maksud, Thomas W. Stafford Jr, Christophe Hitte. Ecology & Evolution 2022, 12 (8).